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SUR LE FRONT
Le Poilu, soldat de la Grande Guerre


"Dans la majorité de nos armées, le Poilu est un paysan obstiné, endurant et stoïque, tenace et laborieux, à qui l'existence cruelle des tranchées restituait néanmoins la satisfaction obscure de manier encore la terre maternelle".
Tel était le soldat de la Première Guerre Mondiale décrit par Victor Giraud, universitaire et critique littéraire français. En face du "peuple des pionniers", célébré avec orgueil par les journaux d'outre-Rhin, le peuple des charges à l'arme blanche, dans les boues glacées, sous les frimas, eut à coeur de rivaliser de patience et de courage avec ceux qui avaient sans doute mis son impatience parmi leurs chances de succès. A l'aube grise de l'hiver de 1915, on ne lit au coeur de nos soldats qu'une foi ardente et presque religieuse en la victoire future comme en la sainteté morale de notre cause.
"Tu diras à notre fils, quand il sera grand, que son père est mort pour lui ou tout au moins pour une cause qui doit lui servir à lui et à toutes les générations à venir", écrivait à sa femme un homme du peuple, un cuisinier, la veille de l'attaque où il devait périr.
Le Poilu, qui est souvent imberbe et qui sera volontiers glabre plus tard, le Poilu qui s'est donné et qui gardera dans l'Histoire ce titre inélégant, expressif et brutal du Poilu hirsute et débraillé. Il grogne souvent, comme les grognards de Napoléon...mais il est indépendant, gouailleur, frondeur, actif moins militaire que guerrier d'instinct. Sa tenue est souvent épique, variée et pittoresque. mais tous les étrangers qui le verront à l'oeuvre auront pour lui cette admiration émue que lui portent ses chefs.
Le ravitaillement de nos soldats


Dans les opérations de détail d'abord, d'ensemble ensuite, qui se sont succédé depuis le début de la campagne, un grand nombre d'unités a passé nos frontières. Ces troupes-là, qui marchent et qui se battent, comment les nourrissons-nous ? C'est une question que toutes les familles se posent.
A cette question, voici la réponse : On sait d'abord que tous les hommes portent sur eux un jour de vivres : ce sont les vivres de réserve. Mais on ne doit toucher à ces réserves qu'en cas d'absolue nécessité, quand il n'y a rien d'autre à manger. c'est la suprême ressource en cas de ravitaillement impossible. Ces vivres comprennent 300 grammes de pain de guerre, c'est-à-dire d'un biscuit de fabrication très soignée, 300 grammes de viande de conserve, 50 grammes de potage condensé, 36 grammes de café et 80 grammes de sucre, plus, pour 16 hommes, in litre d'eau de vie. Ce n'est pas, comme on le voit, un gros repas. C'est le coup de fouet qui réveille, qui entraîne.
Les vivres de réserve étant exclusivement destinés à cet emploi, comment s'opère le ravitaillement journalier de nos soldats ? D'abord par la distribution qui se fait chaque jour, pour le lendemain. Le jour de vivres comprend 700 grammes de pain, 100 grammes de riz ou de haricots, 24 grammes de café, 32 grammes de sucre, le lard, le sel et enfin 500 grammes de viande fraîche ou 300 grammes de viande de conserve avec 50 grammes de purée de légumes pour faire la soupe. En outre, les hommes reçoivent toujours, sauf impossibilité, les vivres dits d'ordinaire, c'es-à-dire achetés directement par les capitaines commandants : pommes de terre, choux, carottes, assaisonnements divers, quelquefois vin, etc.Voilà l'élément quotidien de l'alimentation du soldat. Comment cet élément se constitue-t-il ? En d'autres termes, comment sont remplacés, dans le régiment, les vivres distribués aux soldats ? Comment se fait le ravitaillement des unités ?
Ce ravitaillement se fait par le chemin de fer. C'est là un mécanisme compliqué puisqu'il s'agit de retrouver chaque jour des régiments qui changent de place. Pour résoudre ce problème, on a recours à la désignation journalière d'une gare de ravitaillement par corps d'armée. A cette gare, les trains régimentaires, c'est-à-dire les voitures attelées, se rendent chaque jour. Elles emportent deux jours de vivres, sur lesquels se fait la distribution journalière qui a été décrite plus haut. Comme il y a deux jours de vivres, il en reste un à distribuer, pendant que l'autre se renouvelle. Mais une difficulté peut surgir : l'interruption ou l'absence de voies ferrées. Dans ce cas, les convois automobiles remplacent le train. Autre difficulté à envisager pour une raison ou pour une autre, le chemin de fer ou les automobiles n'arrivent pas jusqu'aux troupes : dans ce cas on a recours aux réserves de vivres du corps d'armée ou d'armée.
Le ravitaillement des Anglais sur le front est devenu très difficile


Depuis le 15 septembre, les Anglais se sont retranchés sur leurs positions de l'Aisne. Le ravitaillement des tranchées avancées étant rendu fort difficile par la violence du bombardement ennemi, nos alliés y procédaient la nuit à l'aide de charrettes légères.
Ce service, bientôt, n'en devint pas moins très périlleux par l'usage que firent les Allemands de fusées nouvelles, allumant en l'air une flamme de magnésium susceptible de brûler une demi-minute tout en descendant lentement, soutenue par un dispositif formant parachute et réflecteur.