Le sommaire des articles
Dans le département de la Meuse
La résistance du Fort de Troyon -septembre 1914


Attaqué depuis le 6 septembre par le kronprinz impérial, le Fort de Troyon reçoit du 8 au 11 septembre 1914 une effroyable pluie de fer. Le 11 au soir, nos troupes hissaient magnifiquement le drapeau français sur ses ruines pour saluer la retraite de l'ennemi devant Sarrail.
Le 9, deux parlementaires allemands étaient venus sommer le commandant du Fort de se rendre.
A la première sommation l'officier français, un capitaine avait répondu : "Jamais !"
A la seconde :"Vous ne nous aurez pas vivants !"
A la troisième : "Foutez-nous la paix ! A bientôt, à Metz !"
Source : Album de la Guerre 1914-1919
L'assaut du Fort du Camp des Romains (Saint Mihiel) 24 et 25 septembre 1914
Cet article a été traduit de l'allemand; les combats du Fort du Camp des Romains sont par conséquent vus subjectivement par les assaillants (les Allemands) et non par les défenseurs (les Français).
Le régiment bavarois "Von der Tann" eut la gloire de briser la barrière entre Verdun et Toul et de hisser le drapeau bleu et blanc au principal bastion de cette ligne, le Fort Camp des Romains. Cet exploit, rapporté à l'Allemagne le soir du 25 septembre par le langage succinct du télégraphe officiel, est digne d'un haut témoignage militaire et des meilleurs exemples de l'esprit offensif de l'infanterie et du courage militaire bavarois-allemand.
Notre régiment « Von der Tann », a rapporté un camarade soldat dans le « Frankfurter Zeitung », a jusqu'à présent participé à quatre batailles majeures et a également été sous le feu de l'artillerie pendant plus de trente jours. Il fut utilisé au début de la guerre sur le sol alsacien-lorrain et participa à la riposte lorraine dans la région de Viviers-Faxe-Delme. Le 24 août, nous avons été introduits en France lors d’une invasion nocturne qui a duré de sept heures du soir à cinq heures du matin. Nous nous reposâmes deux heures à Einville-au-Jard, puis nous nous lancâmes dans la sanglante bataille de Maixe, qui nous infligea les coups les plus rudes, sans qu'une grêle d'obus pût briser l'endurance de nos troupes. Nous avons ainsi été déployés dans cette zone, entre Lunéville et Nancy, à différents points du front de bataille et poussés toujours plus près de Nancy. Nous y avons vécu les jours les plus difficiles, près des villages de Courbessaux et de Gellénoncourt, que nous avons conquis en deux magnifiques attaques ondulantes, les 5 et 7 septembre. Puis vint le départ, le 12 septembre, date à laquelle eut lieu la grande retraite stratégique de toute l'armée. Au cours de grandes marches, nous avons été conduits à travers la frontière allemande et jusqu'à Metz sous la lprotection des forts. Le 14 septembre, nous avons défilé dans la banlieue de Metz. Jusqu'au 18 septembre, nous avons eu l'occasion de nous retransformer la protection des forts. Le 14 septembre, nous avons défilé dans la banlieue de Metz. Jusqu'au 18 septembre, nous avons eu l'occasion de nous retransformer.
Le 18 septembre, l'ordre d'avancer à nouveau arrive, accueilli avec joie. Ce jour-là, nous avons marché sur le champ de bataille de Grav nous avons campé à Rézonville, à 3-4 kilomètres de Bionville et à environ 5 kilomètres de la frontière du Reich. A l'aube, la marche traversa Gorze, où se trouvait le quartier général du prince Frédéric-Charles, et derrière Gorze, la marche franchit pour la deuxième fois la frontière vers la France. Deux ou trois villages plus loin se trouve Saint-Benoît. Là, nous nous sommes mis en position ; l'ennemi était devant le village. Le lendemain, 20 septembre, nous occupons les bois derrière Saint-Benoît, et dans l'après-midi l'attaque commence en direction de Vigneulles-Hattonchatel. A Hattonchatel, l'infanterie française tira toute la nuit depuis deux maisons du village prises ensuite par nos troupes; les Français encore en vie (quelques centaines d'hommes) ont été capturés. Tôt le lendemain matin, l'attaque se poursuit victorieusement - l'ennemi se retire et, sans la résistance attendue, cède les hauteurs dominantes, en particulier un sommet près de Creuë, un cône de montagne solitaire qui domine toute la vallée qui aurait été très difficile à conquérir. Après le retrait de l'ennemi, nous avons escaladé la forêt sur cette pente raide. Après une escarmouche avec l'arrière-garde française à Chaillon, la route de Savonnières-Devant-Bar, à une dizaine de kilomètres du fort Camp des Romains, est dégagée. C'est là et sur les hauteurs voisines que notre régiment tout entier fut rassemblé le 22 septembre.
Le 23 septembre, à trois heures de l'après-midi, la musique de la batterie de mortiers de 28 cm a commencé ici, dévorant des obus d'une taille et d'un poids tels qu'on ne pouvait que frémir devant la faim du canon n° 42 Gamma-Gerät. Le troisième coup aurait atteint la cible, un ballon captif permettant d'observer l'impact de la balle. Le lendemain, le canon continuait de tonner : la reconnaissance d'infanterie ce jour-là parvint à 700 mètres du fort. À une heure et demie de l'après-midi, nous commençâmes notre progression, continuant à travers bois, clairières et sur des hauteurs où gisaient des tranchées abandonnées et des pièces d'équipement françaises abandonnées. Une dernière montée, très raide, menait à la lisière de la forêt. Lorsque nous sommes sortis, tous ceux qui étaient moins calés en matière de cartes ont été extrêmement étonnés de se retrouver sur le sable blanc de ce qu'on appelle l'ancien champ de manœuvre de Saint-Mihiel. A sa droite se trouvent les casernes. En arrière-plan, cependant, les nombreux sentiers sinueux s'étendaient à travers les hautes maisons de la belle ville de Saint-Mihiel, avec des ponts, des îlots, des forêts, des prairies et une vaste campagne ouverte. Juste devant nous se trouvait le fort terriblement fumant, dans lequel de nouveaux obus de mortier continuaient de pleuvoir, sifflant au-dessus de nos têtes.
À la tombée de la nuit, notre infanterie s'est retranchée dans une position d'assaut à 70 mètres du fort. Les 16 pionniers qui nous ont été assignés ont commencé leur activité de "lutin" dans la soirée, notamment dans l'enchevêtrement d'obstacles barbelés qui entourait tout le fort. Nos deux bataillons d'assaut étaient déployés sur les côtés et les faces du fort en huit colonnes d'assaut, correspondant au nombre de compagnies ; chaque colonne d'assaut était renforcée par des pionniers supplémentaires. Le premier bataillon attaque à droite, le deuxième à gauche. L'assaut a commencé le 25 septembre, à 5h30 du matin. La veille au soir, le fort avait été déclaré « pas encore prêt à être attaqué », mais l'ordre de donner l'assaut fut donné, et l'attaque a réussi. Après avoir surmonté les obstacles de barbelés, les colonnes d'assaut atteignirent le mur extérieur par des brèches et des trous et de là dans la tranchée principale, dans laquelle les échelles d'assaut furent descendues. Le fossé principal mesure environ 12 mètres de large et 8 mètres de haut sur le bord extérieur et 7 mètres de haut sur le bord intérieur. Du fond de cette tranchée, l'infanterie en progression dirigeait ses échelles d'assaut vers la rive opposée, le rempart principal, qui fut pris avec courage et audace.
Il va sans dire que tous ces mouvements se sont déroulés sous le feu nourri de l’ennemi. Des projectiles volaient vers nous depuis chaque trou dans le mur, chaque meurtrière et chaque passage souterrain. C'était un combat pour la vie ou la mort. Cependant, après que le soutien fourni par le 6e régiment d'infanterie ait également atteint le mur principal, les Français ont réalisé la futilité d'une résistance supplémentaire et les négociations de reddition ont commencé. Ils ont été terminés à huit heures vingt du matin.
Le Camp des Romains était à nous. Après la reddition, tout les soldats du fort sont apparus. Les défenseurs sont apparus de tous les côtés. Le fort était occupé par plus de 800 hommes, et plus de 500 d'entre eux avaient déposé les armes. Le commandement de la division a annoncé que 5 officiers capturés, 453 soldats non blessés et environ 50 soldats blessés ont été faits prisonniers. Au cours de l'assaut, la 11e brigade d'infanterie a repoussé victorieusement les tentatives d'évasion de l'ennemi.
Les conditions de capitulation permettaient aux braves soldats de repartir avec les honneurs militaires, y compris les bagages d'officier, mais les cartes militaires étaient confisquées. À deux heures de l'après-midi, les prisonniers sont partis. Le drapeau bavarois flottait sur le fort. Nous étions en position de parade sur la route menant du Camp des Romains à Saint-Mihiel. A deux reprises, devant les hommes et les officiers, nous avons présenté nos fusils, à deux reprises nos drapeaux ont été baissés.
Le soir de ce jour-là, nous entrâmes à Saint-Mihiel.
Source : Illustrierte Geschichte des Weltkrieges 1914




La réoccupation de Ville en Woevre par un détachement français


A la fin de Septembre 1914, l'armée allemande de Metz, venue donner un coup de main au Kronprinz mal engagé, a réussi à percer les Hauts de Meuse. Elle entre dans Saint Mihiel où elle s'efforce sans succès de passer par la Meuse. Les troupes qu'elle y a jetées seront bientôt débordées au Nord et au Sud par les respectivement de Verdun et de Toul.
Quatre années seront nécessaires pour réduire cette hernie tant convoitée par l'ennemi.
Parmi les localités reprises de haute lutte au cours de cette avance, de part et d'autre de la route de Verdun à Metz, Ville en Woëvre fut une de celles qui eurent le plus à souffrir de l'acharnement de l'ennemi.
L'exploitation des grandes victoires de Sarrebourg et de Metz se heurte à des obstacles extraordinaires dans les fortes fortifications artificielles que possèdent les Français le long de la frontière lorraine-alsacienne. Les hauteurs des vallées de la Meuse et de la Moselle sont parsemées de forts robustes, dont les forteresses modernes de Verdun-Toul-Epinal et au sud jusqu'à Belfort servent de bases principales. Tous ces ouvrages ont encore perdu une résistance particulière en raison de l'érosion des rochers dans certaines parties. Dans cette zone, la percée pour prendre pied sur la rive occidentale de la Meuse devait être réalisée au prix d'efforts particuliers.
Verdun fut d'abord encerclée et ce n'est qu'à la mi-septembre, après l'avancée à travers la Belgique jusqu'à la Marne et après la fortification devant la ligne de l'Aisne, que commença l'attaque directe contre la ligne de blocage des forts. L'accès aux hauteurs orientales de la Meuse avait déjà été réalisé le 21 septembre. Après un bref bombardement de notre artillerie lourde, quatre forts de Saint-Mihiel furent réduits au silence et le fort Camp des Romains fut pris d'assaut par les pionniers allemands et l'infanterie bavaroise. Le 25, nos troupes prennent les têtes de pont de Saint-Mihiel, traversent la Meuse et prennent possession du village de Chauvoncourt, situé juste au nord-ouest.
Ce petit secteur était désormais le théâtre de combats continus et sanglants dans la forêt voisine de l'Argonne. Alors que dans les forêts de 40 kilomètres de long au sud-ouest de Varennes, l'objectif principal était de prendre le contrôle de la ligne ferroviaire vitale Verdun-Châlons et de couper cette liaison à Chauvoncourt, l'objectif était de se défendre contre les attaques incessantes en provenance de Verdun et de Toul. Les Français avaient déjà repris une partie du village, mais ils durent abandonner cet avantage le 19 novembre, subissant de lourdes pertes. Ce jour-là, le général français aurait reçu le message que l'attaque dirigée contre la partie française de Chauvoncourt semblait se ralentir, lorsqu'une terrible explosion détruisit toute la position française.
Nos braves pionniers, qui avaient déjà accompli tant de faits d'armes dans les secteurs de la basse Meuse et dans la forêt d'Argonne, avaient entrepris de miner et de faire sauter les tranchées ennemies dans un silence complet. L'ennemi a subi des pertes très importantes. Nos troupes occupèrent alors tout Chauvoncourt et les points adjacents avec de grandes acclamations de nos soldats
Source : Illustrierte Geschichte des Weltkrieges 1914
Traduit de l'allemand par Cl. He.
La démolition des tranchées à Chauvoncourt en 1914

